RE : "Que pensent les femmes "
Sans entrer dans la classique discussion qui cherche à savoir qui, entre l’homme et la femme est le plus « fort » ou, tenter de montrer que la femme est l’ « égale » de l’homme ; je rebondis ici sur un article de Francis Muhire publié le 8 mars 2013 dans Zera action. Le titre de l’article ? => « Que pensent les femmes ? ». En lisant l’article, les questions que l’auteur se posait se sont empilées les unes au dessus des autres dans ma mémoire. A la fin, je me suis demandée, comme lui, ce que pensaient vraiment les femmes ? C’est là que je me suis souvenue que j’en suis une.
Je pense que la majorité des femmes n’ont pas encore pris l’abonnement chez free. Elles n’ont pas encore tout compris. Il faudrait peut être qu’un homme nous y invite pour qu’on sente la légitimité de le faire ? Que nous faut-il pour intérioriser le fait qu’on a le droit de tout comprendre ? (=> Qu’en pensent les femmes ?).
Il y a des femmes coiffeuses, des femmes stylistes, des femmes qui mettent en valeurs la beauté de leurs sœurs, etc. Selon l’article, elles ne seraient pas nombreuses dans tout ce qui est soins de beauté à Bujumbura et ailleurs. A mon avis, c’est parce que pour arriver à s’imposer il faut avoir le sens des affaires (vouloir voir son entreprise prospérer et travailler dur pour, oser s’affirmer, prendre des risques, prendre des responsabilités, …). Le sens des affaires n’est pas très compatible avec l’instinct maternel que certaines ont. On a peur de tout perdre en essayant de gagner plus. (Je pense).Du coup, on préfère envoyer nos frères, amis ou maris sur le champ de bataille même si c’est nous qui, des fois leur dictons les stratégies. Le problème est que, même à 18 ans, on a peur d’entreprendre parce qu’on nous fait comprendre que nous sommes « grandes », que nous sommes déjà des femmes (ce n’est pas totalement faux) et que normalement l’instinct maternel devrait nous rappeler à l’ordre, donc au conformisme. Ce qui fait que certaines, à 18 ans, pensent déjà au mari idéal, lui leur futur. « Mais allô ! ?» comme dirait Nabi**.
Je pense aussi que, la plupart de jolies fleurs, sommes plus réceptives et passives pour avoir le courage de rêver grand. On préfère vendre les tomates au marché, c’est moins de risques, c’est plus féminin ! Pour les fleurs qui ont grandi au Burundi, on nous a appris à rester sage et attendre que l’homme vienne nous cueillir à la floraison. On nous a aussi dit de faire gaffe avec les longues études au risque de faire fuir les hommes. La vendeuse de tomates rouges (je n’ai rien contre elle, c’est juste un exemple) aurait donc plus de charmes que la miss chercheuse en astronomie ? Ou bien ce n’est pas le charme qui est le plus attirant chez la femme mais plutôt son potentiel à être facilement dominée? ( => Qu’en pensent les hommes ? ).
Trop de paramètres à tenir en considération. Au final, beaucoup s’abandonnent entre les mains des hommes, elles préfèrent vivre au travers leurs maris. Elles attendent de vivre pleinement après le mariage, à travers leurs enfants, leur foyer. Entre finir chef d’entreprise célibataire et finir épouse heureuse ; le choix est vite fait ! … En oubliant que les deux ne sont pas incompatibles. L’essentiel est d’être marié à un homme qui arrivera à suivre la cadence.
Je ne condamne pas celles qui dans leur vie « priorisent » leur foyer.. ! Loin de là. Seulement, il faut que cela soit un choix. Un choix…
Un jour j’étais avec ma mère au marché, on a croisé un monsieur et à ma mère de lui demander « alors, la famille ça va ? Tu as combien d’enfants maintenant ? » . A monsieur de répondre « (…) j’ai 2 enfants et 2 filles. ». Eh oui, triste réalité. Beaucoup considèrent qu’il y a plus de « gloire » à avoir un garçon qu’une fille (je ne les condamne pas, à chacun ses préférences). Mais le minimum c’est de considérer même les filles comme des enfants. Dans le petit garçon, on voit un potentiel homme de pouvoir, un cadre dynamique , un homme indépendant et j'en passe. En la fille, souvent on préfère ne rien projeter, on ne sait pas ce qu’elle pourra devenir. Normal que certaines stressent quand elle doivent annoncer qu’elles portent une fille.
Je peux comprendre que les hommes aient le don de nous rendre « belles », il n’y a pas de mal. Il n’y a pas de mal que ce soient les hommes qui arrivent, plus que nous même, à dessiner de jolies robes qui nous transforment en « princesses ». Chacun son truc. Ceci dit, je partage entièrement le constat de l’auteur de l’article en question qui est que, les femmes semblent avoir peur de gérer leurs ambitions, leur image d’une façon sereine sans chercher à chaque fois l’accord de monsieur. *Je m’excuse d’avance si j’ai mal compris le message que l’auteur de l’article a voulu transmettre*. Mon regard se tourne vers mes voisines en penssant à la blague de "papa Bryant, vyuka uje kuraba ko ata bisuma bihari". Comprenne qui pourra.
Serait-il contre nature que les filles au même titre que les garçons aient la « légitimité » d’aimer les affaires ? De faire de longues études ? De draguer ? Sans être repoussantes ?! ( => Qu’en pensent les hommes ?). Je pense que, « l’horloge biologique » dont on parle souvent est bien réel, certes, certains ont tendance à nous mettre la pression avec ce dernier en oubliant que c’est nous autres femmes, qui entendons le tic-tac du dit « horloge ». Apprenons et osons donc l’écouter nous même afin d’agir selon les temps et à temps.
Il paraît que nous venons de « urubavu rw’umugabo ». Si on est .., c’est qu’il est (notre futur conjoint). Pas la peine de stresser et de laisser tomber ses ambitions de peur de mourir esseulée. Pas la peine de nous brader mes sœurs, il faut que nous soyons fortes et bien éduquées pour relever pas mal de défis dont le monde actuel fait face.
Je suis en admiration d’un homme qui, un matin décide de tout mettre en œuvre pour que sa bien aimée comprenne qu’il l’aime. Je trouve que cet un exercice d’ « entrepreunariat » très riche : l’homme apprend à s’écouter pour savoir quel genre de fille peut l’intéresser, il apprend aussi à dépasser sa peur pour relever le défis de « gushira kumustale » sa bien aimée, il adopte une stratégie, en change quand il le faut, etc. Figurez-vous que la fille qui aimerait « guteka umutwe » pour faire pareille, est souvent confrontée à un « genda umusengere sha… ! Nimba ari gwawe, azogusanga aho wiyicariye ». Pathétique ? Ou pas ? Je trouve qu’on nous apprend, le plus souvent, à être réceptives, à choisir le moindre mal et non à chercher le meilleur. Ça conforte certaines (c’est leur droit) mais ça handicape d’autres.
Comme dirait Siriki à Souké : « moi je ne sais pas, c’est toi qui sait !». On ne sait pas! On ne sait pas… ! On ne sait pas que tout se joue sur le marché. Et oui, l’offre et la demande.
On ne sait pas que si, si bien évidemment cela était notre passion, on décidait de devenir toutes astronautes parce qu’on est des mordues de physique... les hommes nous suivront. Tout ça pour nous dire que, je pense qu’ il est temps qu’on pense à savoir ce qu’on veut et d’essayer de travailler pour. Ainsi, Les hommes ne se poseront plus cette question : « Que pensent les femmes ?».
Dieu merci, les choses évoluent grâce aux hommes et aux femmes qui ont tout compris. Maintenant, il y a des yeux qui arrivent à voir le charme d’une célibataire de 32 ans chef d’entreprise et qui osent la marier parce qu’ils savent qu’on ne troque pas son potentiel de devenir une bonne épouse et mère contre un diplôme (=connaissances, =valeur ajoutée, = discussions riches)... Aussi, Il y a des hommes qui arrivent à comprendre qu’une fille « aresha ataba yataye ibanga ».
Allons-y molo, de petites victoires en petites victoires.
Mes sœurs, restons courtoises et classes avec les hommes, parce que comme le disaient nos aînés « ubuntu burihabwa ». Les piétiner ou « kubashirako », ne nous grandira pas. Je crois.
Bien à vous !
RM - Mars 2013