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24 mars 2013

Dissertation "Père Gabriel BARAKANA, SJ"

Thème : « la date du 30 Mai 2008, retour historique du dernier grand chef rebelle avec qui les négociations sont en phase finale, coïncide avec la fin de vos humanités. Dites en quoi le Lycée du Saint-Esprit aura fait de vous des hommes et des femmes capables de participer activement à la reconstruction intégrale de votre pays. »

 

La vie, ce phénomène qui nous tombe dessus sans crier gare, revêt mille et un mystères. Nous naissons et grandissons dans une société qui nous éduque en nous offrant, selon les circonstances, diverses opportunités pour nous réaliser. Arrive ensuite, comme l’a toujours voulu Saint Ignace de Loyola, le moment de mettre les compétences acquises au service de la communauté. Dans cette période où la situation politique du Burundi tend à se normaliser, surtout avec le retour historique du dernier chef rebelle Agathon RWASA, l’heure est à l’examen de conscience afin d’épingler ma contribution dans la reconstruction intégrale de mon pays, en tant que finaliste du Lycée du Saint-Esprit. Comme je vais le montrer par la suite, la famille éducative du Lycée m’a assuré un bagage intellectuel solide, un savoir-faire et un savoir vivre qui me permettent de croire avec certitude que ma contribution sera de valeur.


Le Lycée du Saint-Esprit m’a accueillie toute petite à la sortie de l’école primaire et a pris la responsabilité d’assurer ma formation intellectuelle au niveau du cycle secondaire. Sept années durant, il s’est dévoué sans réserve pour garantir le succès de l’organisation et le suivi régulier des cours. Maintenant que je suis devenue une grande fille, je mesure à sa juste valeur l’immensité de la tâche à laquelle mes éducateurs étaient confrontés. En particulier, l’école a réussi à pallier efficacement à la pénurie des professeurs qualifiés, motivés et intègres qui est, hélas ! un grand problème récurrent dans la plupart des établissements scolaires du Burundi. Le leitmotiv de mes professeurs a toujours été et reste l’enseignement de qualité. Je juge, en toute modestie, qu’ils ont réussi dans cette entreprise. Ils m’ont fait bénéficier d’un savoir suffisant qui va certainement me servir, en tant qu’humaniste, dans la reconstruction de mon pays.


A entendre le Père Recteur nous répéter infatigablement que la balle était dans notre camp, le message était clair pour moi. Le trésor du savoir est là : c’est à l’élève de l’exploiter, de le faire fructifier, de l’enrichir. En tant que jeunes diplômés humanistes, nous devons nous servir de ces connaissances pour relever les défis de pauvreté qui assaillent le Burundi. Nous devons saisir au bond cette balle que le lycée du Saint-Esprit nous confie afin de la porter plus loin et marquer notre but de reconstruction et de développement intégral de notre chère patrie.


En ce qui me concerne, ce bagage intellectuel d’humaniste me conduira d’abord vers les études universitaires. C’est au sortir de l’université que je compte rendre à mon pays des services dévoués. Un travail bien fait et utile est l’objectif que je me suis déjà fixé pour que, avec Agathon Rwasa et les autres compatriotes de bonne volonté, je puisse apporter ma pierre à l’édifice de reconstruction du Burundi.


Le lycée du Saint-Esprit ne m’a pas fait don d’un solide bagage intellectuel uniquement. Il m’a aussi offert un cadre d’épanouissement dont rêve tout jeune ayant évolué dans un environnement sociopolitique de guerre. En effet, après les cours classiques obligatoires comme les mathématiques, la biologie, etc. le lycée m’a accompagnée en m’aidant à détecter et à développer mes talents à travers les nombreux clubs qu’il organise. Dans le club AKANUMA, par exemple, j’ai été initiée à la pratique d’un bon « leadership » parce que des fonctions importantes m’y étaient confiées. Le club m’a aussi donné l’occasion de découvrir et développer mes penchants littéraires alors que je suivais la section scientifique.

La participation active dans les clubs a éveillé et développé en moi bien d’autres qualités qui ne manqueront pas de me servir dans la vie. Le sens de l’organisation en particulier m’était indispensable car en dehors des cours, des devoirs à domiciles et des interrogations à préparer, j’avais des objectifs du club à atteindre. En conséquence, j’ai dû apprendre à organiser mon temps devenu rare, et à gérer efficacement les ressources humaines, en l’occurrence les membres du club, qui étaient à ma disposition. Ainsi donc, comme le dicton qui dit que « tant que les enfants sont jeunes apprenez-leur à voler et quand ils auront grandi, donnez-leur des ailes », le lycée m’a vraiment donné des ailes à travers le parascolaire afin que je puisse mettre en pratique ce que j’avais appris en classe.


Faisant sienne la maxime de François Rabelais « Science sans Conscience n’est que ruine de l’âme », le lycée du Saint-Esprit est allé loin dans ses efforts inlassables pour me prépare à la vie. Il a forgé et marqué pour de bon ma personnalité grâce à son encadrement moral. Les différents « mots d’ordre de la semaine » qui m’invitaient régulièrement à l’introspection pour méditer et réfléchir profondément sur la société qui m’entoure, et surtout sur le rôle que je suis appelée à y jouer, sont les témoignages éloquents de cet enseignement moral. En effet, chaque semaine, nous devions méditer sur une pensée particulièrement moralisatrice et engageante. Il était attendu qu’après mûre réflexion chacun ne pouvait que gagner un brin de sagesse qui lui dicterait un réajustement positif d’attitude et de comportement à l’égard de sa communauté. « Des hommes et des femmes pour les autres » ; « L’autre d’abord » ; « On peut emmener l’âne à l’abreuvoir, mais on ne peut pas le forcer à boire » ; etc. Autant de mots d’ordre qui résonneront toujours dans mon esprit et qui provoquent mes parents et mon entourage lorsque je les cite.
Au début, ces réflexions hebdomadaires me troublaient parce qu’elles me faisaient découvrir qui j’étais vraiment et ce que je devais être. Mais elles m’ont progressivement passionnée et ont ensuite façonné en moi une fille de caractère qui sait mettre la limite entre ses forces et ses faiblesses. Elles m’ont engagée à livrer un combat perpétuel contre mes faiblesses, et à travailles avec un grand acharnement pour développer mes atouts. Je suis consciente de l’immensité du défi car, comme nous l’enseigne le sage Bouddha, « mille victoires sur mille ennemis ne valent pas une seule victoire contre soi ». Toutefois, l’armement moral dont j’hérite à la fin de mes humanités me permet de croire que je gagnerai le pari.


D’aucuns pourraient penser qu’une formation intellectuelle solide, un encadrement périscolaire dans des clubs et une éducation morale enviable sont suffisants pour participer à l’œuvre de reconstruction de notre pays. De fait, la plupart des établissements secondaires limitent leurs ambitions à ces aspects. Mais la formation dispensée par les disciples de Saint Ignace de Loyola au lycée du Saint-Esprit offre un plus : une éducation religieuse et morale de qualité. Celle-ci comporte des formes diverses, les unes plus visibles que les autres. Elles vont des cours de religion et des messes auxquelles les élèves participent, aux attitudes et comportements des éducateurs qui constituent de véritables modèles vivants. Mais toutes ces formes d’éducation religieuse convergent vers un seul et même objectif, celui de former des femmes et des hommes pénétrés par l’enseignement de l’amour universel, et décidés à vivre conformément à cet idéal. « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés » … Un idéal d’amour et de fraternité qui a sa pertinence vu les circonstances actuelles du Burundi.
En effet, le Burundi a été profondément éprouvé par quinze années de guerre sauvage, fratricide et insensée. La mort ou la disparition de milliers d’êtres humains ; la destruction des infrastructures socio-économiques publiques et privées ; le vol des biens ; le viol des femmes ; etc., rien ne manque dans le bilan des malheurs dont mon peuple a souffert et continue de souffrir.
Le retour au bercail du dernier chef rebelle Agathon Rwasa redonne cependant de l’espoir au Burundais qui aspirent du plus profond de leur cœur à vivre dans la paix et la dignité. Malgré la fin de la guerre, cette paix et cette dignité ne seront pas retrouvées du jour au lendemain. Elles passeront par une œuvre de reconstruction longue et difficile ; une reconstruction physique, sociale, et spirituelle ; une reconstruction du pays dans toute son intégrité.


En conclusion, je me réjouis que le lycée du Saint-Esprit m’ait préparée à prendre part à cette œuvre difficile mais enthousiasmante de reconstruire mon pays. Armée d’une base intellectuelle solide dont il m’a fait bénéficier ; mise en confiance par le savoir-faire et le savoir-vivre que j’ai acquis ; forte des valeurs morales qui m’ont été inculquées et portée par l’idéal chrétien de servir les autres, je termine mes humanités générales avec la conviction que ma pierre sera de quelque utilité sur le grand chantier de reconstruction du Burundi.

RM
Lycée du Saint-Esprit
1ère SC.B

Note: Une pensée pour  mon père qui m'a partagé pas mal de dictons. 

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