Cinq ans en France - I -
Bientôt cinq ans que je suis loin du Burundi. Ici, je partage avec vous quelques détails, qui m’ont marqués, dans ma vie étudiante en France.
Je ne vais pas abuser en parlant de toute l’Europe, vue que la plupart du temps je suis restée en France. Donc chers lecteurs, la France est belle et propre. En France on respecte pas mal de choses, la France ne laisse pas les français mourir de faim... Elle leur assure un minimum de bien-être. En France, il y a pas mal de débouchés pour ceux qui ont fait des études (plus on est diplômé, plus on est à l’abri du chômage. C’est prouvé !).
Les Français ont une culture culinaire épatante et ils s’habillent très bien. Mes insatiables yeux n’ont pas encore eu leur dose de beauté. Depuis que le soleil est de retour (avouons quand même qu’il aime de plus en plus jouer à cache-cache), entre midi et 14h, je m’achète un sandwich et je vais m’assoir dans le centre commercial Eurallile (bien au chaud) juste pour regarder les gens qui passent. Je dévisage, je regarde les chaussures des passants, leurs styles vestimentaires, etc et.. je retourne à mon stage émerveillée et reposée. De plus, personnellement je n’ai jusqu’à présent pas eu à faire à un raciste, pour vous dire combien ils sont respectueux.
Sincèrement j’aime la France et j’adore les français. Je me souviendrai pendant quelques années encore des ces parcs, de ces jardins, de ces complexes sportifs, de ces écoles, de ces universités, de ces routes, brefs de ces structures publiques bien entretenues comme si c’étaient des propriétés privées. Je n’oublierai pas de si tôt les fêtes nationales, la braderie de Lille, etc. Je garderai un excellent souvenir de ce pays qui aide ses étudiants, de ce pays qui donne des jobs aux étudiants étrangers, de ce pays où les saisons changent comme par enchantement.
Quelque part, je m’attendais à toutes ces belles choses. Parce que les médias m’ont souvent (pour ne pas dire toujours) montré une Europe belle et propre. Des gens heureux, sous un soleil de plomb (au fait non, mais plus dans les appartements lumineux, plateaux télé lumineux, restaurants lumineux, etc) mais qu’importe... Parce que, même quand je voyais des scènes tournées en hiver, les gens vêtus de manteaux, avec de la neige partout et tout ce qui va avec... Pour moi il n’y avait rien de plus romantique (même pas les plages de Rumonge !! Ni les belles collines de Muramvya). Vous vous imaginez un gros câlin à 23h en plein hiver ? La romance elle-même ! Sauf que maintenant, je me dis que ce sont plus les manteaux qui se câlinent que ceux qui les portent. Mais bon …
La France, douce France comme le disent certains, avec ses vins, ses fromages, ses desserts, ses belles publicités… Je l’aime mais … ! Chers lecteurs, il y a aussi un mais avec la France (si je me permets de généraliser.. avec l’Europe). Malheureusement.
Vous rendez-vous compte que, au grand stade de Lille métropole, les sandwichs et les paninis qu’on n’arrive pas à vendre on les jette à la poubelle ? [C’est vrai que c’est pour des raisons fiscales, mais même ! Je n’arrive pas à comprendre. Je suis toujours choquée de mettre de la nourriture à la poubelle…]. Alors que cette nourriture pourrai faire la joie des sans abris, des pauvres, etc. Ou tout simplement de nous étudiants, qui travaillons au stade ? Parce que il est vrai que, les jobs étudiants pour moi ont été la meilleure façon de m’intégrer et de me socialiser mais hein, ce n’était pas que pour ça ! Parce que « si le travail c’était tellement si bien, pourquoi on te payes pour le faire ? » *Une seconde de silence pour méditer ?* -Anne Roumanoff dans ‘ La glandeuse’ -. Quelque part c’était aussi pour arrondir mes fins de mois. Deux sandwichs gratos, c’est quelques euros économisés. Evoluons …
Avant je pensais que quand on me demande « ça sera tout madame ? » ou « vous désirez un café avec ? », « avec votre carte de fidélité vous bénéficiez de *** de réduction sur ** ».. je pensais que ces vendeurs et vendeuses se souciaient de mon bien-être, qu’ils ne voulaient pas que je passe à côté d’un bon plan qui pourrait sauver mes finances. C’était avant de travailler comme vendeuse ! Le manager nous dit que celle ou celui qui vend plus de chips en supplément aura droit à une récompense. Ou tout simplement, il nous incite à proposer des friandises, des chocolats (même aux personnes qui visiblement n’en ont pas besoin –caloriquement parlant-), il faut faire du chiffre !
Un autre exemple. En master recherche, les responsables de masters repèrent des étudiants brillants. Après ils leur proposent de faire une thèse (pour ne pas dire qu’ils leur font comprendre dans certains cas qu’ils sont faits pour). Et mettez vous à la place de cet étudiant lambda qui se voit proposer un financement pendant 3 ans pour faire de la recherche… Il se sent tout d’un coup fait pour ça. Surtout si c’est un blanc qui ose croire en un noir –sans vouloir dire que les blancs ne croient pas en nous, nuancez mon propos -. Sans savoir que le responsable de master derrière touchera un grand quelque chose quand cet étudiant soutiendra sa thèse. Je parle de doctorat mais cela équivaut également aux places en masters. Et ce n’est que normal. Mais une personne non avisée (pour ne pas dire qui pense que toute la Terre veut en premier son succès) risque de se planter.
Autre chose chers lecteurs, les études c’est bien, c’est même très très bien ! Mais quand vous finirez vos études (parce que toutes les belles choses ont une fin, hein !?), ne vous dites pas tout de suite : « c’est bon, je vais chercher une belle boîte qui voudra de moi ». Je m’éloigne du sujet c’est vrai mais il fallait bien que j’ai où caser ces quelques lignes. Dites vous que les grandes entreprises ont un jour été créées par des gens. Ceci dit, n’ayons pas chacun sa boîte, on est d’accord ?! Mais non plus ne soyons pas … je ne trouve pas le mot. Par exemple, moi, si j’ai un financement, je voudrai bien être fermière. Après tout, je fais de l’économétrie appliquée.. Ce serait peut être chouette d’appliquer tout ça dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage. Cerise sur le gâteau *je me bouche le nez pour ne pas rire*, je pourrai participer à l’émission de l’amour est dans le pré ! Mais je ne sais pas si ce que papa Karine (l’animatrice de l’émission) a fait jouera à ma faveur. Passons…
A l’école comme au restaurant, il est préférable de savoir ce qu’il nous faut. Les propositions trop généreuses peuvent être à notre détriment. Ce n’est pas pour semer la panique que je dis ça, je partage juste mon point de vue. Dans le même esprit, il faut se méfier de ceux qui vous disent de ne pas faire des choses, sans raisons, sans qu’ils ne vous expliquent vraiment pourquoi. En gros, vous l’aurez compris, c’est important de savoir vraiment ce qu’on veut. Je vous l’accorde ce n’est pas facile, mais ça ne change en rien l’importance de la chose.
Ce qui m’écœure d’avantage, c’est quand on s’arrache les cheveux pour arriver à cibler les personnes faibles pour leur faire consommer (contracter une assurance, ou acheter un appareil xyz, ou même les chaussures parce que nous les femmes avons du mal à y résister). Les opérations « we love you » de Yves Rocher… haa !! Des fois j’ai envie de leur dire : « si vous m’aimez, laissez-moi vous montrer comment vous devriez vous y prendre ».
Derrière les courriels ou textos que nous recevons, il y a des chargé(e)s d’études marketing ou statistiques qui ciblent les personnes seules, atteintes d’une certaine maladie, qui ont un chien, femmes ou homme selon le produit à vendre, pour leur proposer un produit dont il y a peu de chances qu’ils résistent. Parce qu’ils sont gentils, ils proposent de payer le produit en trois fois sans frais. Sauf que cinq achats en trois fois sans frais, vous donnent un ticket gratuit pour le découvert, visites d’huissiers, etc. Et c’est là que vous retombez dans les bras (toujours grandement ouverts) de votre banquier, qui vous propose d’augmenter votre plafond de découvert, eh oui.. ça vous évitera de payer beaucoup de frais. La logique elle-même, vous dites-vous ? Sans savoir que, très professionnellement et très courtoisement, on vous aide à creuser votre propre tombe. Je ne blâme pas les banquiers, du tout ! Ils sont si classes et ont un sens de contact qui me touche beaucoup. Et sincèrement, je trouve qu’ils font bien leur boulot. Le mien, à lui seul m’a réconcilié avec tous les banquiers de la Terre et pour la vie, pour vous dire combien il fait si bien son job.
En soi, cibler la clientèle, faire du marketing, etc. ; n’est pas mauvais. Parce qu’on aimerait tous être mis au courant de ce que le marché propose. Et dans le meilleur des mondes, ce qu’il propose qui soit susceptible de nous intéresser. Parce que si on m’appelle pour me parler d’un truc dont je n’ai rien à faire… ça risque de me donner des envies pas très correctes.
Tout ça pour nous dire ça : faisons attention !! Soyons prudents, sachons ce qui nous importe ! Sachons prioriser les besoins. Ayons confiance en nous !
Bien à vous,
RM – Mai 2013
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)